J'ai déjà tant souffert, si vous saviez
j'ai traversé des océans de désert si salé, si salé
avec dans la gorge le goût du sable
le bout du goût de l'espoir
c'était si noir, si noir.
J'ai gravi dune après dune, de délivrance aucune
le soleil âcre brûlait au zénith de l'amertume,
cette amertume qui se nourrit du sang des horizons perdus,
cette amertume qui tout résume de la souffrance bue.
Tout, même l'été, la jeunesse et la folie de vie.
Tout, même toi.
J'ai déjà tant souffert, c'est un mystère,
j'ai traversé des mers de banquise, si fières, si austères
avec dans le corps comme mort des morsures de gelure,
des chiennes de morsures
et sans armure, sans armure.
J'ai cherché mon chemin en vain, de direction que la faim,
la faim vorace qui braille au gouffre des entrailles,
ces entrailles qui travaillent en secret l'amour comme la mort,
ces entrailles tricotant, maille après maille, la vie qui reste encore.
Encore, encore un jour.
Encore ton souvenir qui court.
J'ai déjà tellement souffert, c'était hier
mais aujourd'hui prépare pas à pas un demain de fièvre
avec, dans le cœur, la palpitation de l'avenir,
le rire de l'avenir sur d'autres rives,
quel plaisir, quel plaisir.
J'ai étreint d'autres devenirs, si libre, si libre,
le soleil ivre brille enfin au zénith de la passion,
cette passion de vivre qui tout transpire.