Sur Le Lit
#1
Posted 08 September 2006 - 09:12 PM
Je me suis légèrement relevée. Ma main a touché les battants de la fenêtre. Les a doucement poussés.
- Et puis non, finalement. Elle s'en ira.
Je les laisse ouverts. J'aime trop, à la tombée du soir, ces odeurs de solitude. Je ne suis pas seule pourtant. Il est en bas. J'entends le brouhaha de la télévision. J’ai séparé la liaison. Encore une fois.
J'ai envie. Envie de l'appeler.
Mes doigts lentement appuient sur des touches. Forment un numéro. Ce n'est pas raisonnable.
- Allo ?
Sa voix. Sa voix me fait sourire.
- Tu ne devrais pas appeler. Tu vas avoir des problèmes.
Je souffle que je sais. Puis plus fort :
- Je m’en fiche.
Un rire de l’autre côté. Je souris. Des mots tendres. Des mots qui m’apaisent. Je ne dis rien. J’écoute. C’est ma vie secrète. Mon autre vie. Celle qui se cache. Celle qui se vole. Celle qui ne nous appartient pas. Ma vie de passage.
Je ne serais jamais maîtresse de cette destinée là.
Recommencer ma vie ? Partir de l’autre côté ? Accepter cette autre main qui se tend ?
La voix ne m’apaise plus. Mon silence me fait mal. Ma main pousse les battants. M’enferme dans ma solitude. Le bruit de la télévision hurle.
Une voiture passe. Une autre voiture. Une autre voiture.
Corinne
#2
Posted 11 September 2006 - 09:27 AM
Des impressions notées çà et là, cela semble léger, juste comme des impressions...
Mais.
Mais des impressions qui s'impriment profondément dans un être.
Une vie, une vie secrête, une autre vie, une vie intérieure, une vie réelle... quelle est la vraie dans tout cela ?
Et quelle est celle où nous sommes blessées le plus profondément ?
On la sent, la blessure, derrière les mots si avares de sentiments pourtant, les mots veulent cacher ce qui ne se cache point.
Les mots ne veulent pas dire ce qui transparait.
Trop simples, les mots, trop courtes les phrases, ils n'enromebt rien, ne cachent rien.
Les nons dits sont présents.
Et l'émotion survient alors.
Amitié
Artemisia
#3
Posted 11 September 2006 - 10:23 AM
Des impressions notées çà et là, cela semble léger, juste comme des impressions...
Mais.
Mais des impressions qui s'impriment profondément dans un être.
Une vie, une vie secrête, une autre vie, une vie intérieure, une vie réelle... quelle est la vraie dans tout cela ?
Et quelle est celle où nous sommes blessées le plus profondément ?
On la sent, la blessure, derrière les mots si avares de sentiments pourtant, les mots veulent cacher ce qui ne se cache point.
Les mots ne veulent pas dire ce qui transparait.
Trop simples, les mots, trop courtes les phrases, ils n'enromebt rien, ne cachent rien.
Les nons dits sont présents.
Et l'émotion survient alors.
Amitié
Artemisia
C'est un texte de non dits. De silence. C'est un texte de solitude. Immense.
C'est juste une femme, lasse, qui se pose sur un lit, qui regarde le plafond et qui se met à penser. Elle pense à sa vie. La vraie. La réelle.
Elle est mariée. Il est en bas. Elle cherche la solitude. Elle ne la trouve pas.
A cause des bruits. A cause de la présence.
Elle a fermé la porte pourtant. Séparation factice et temporaire.
La fenêtre, elle, est grande ouverte. Vers l'extérieur.
D'autres bruits, d'autres vies. Meilleures ou plus belles que la sienne ?
Elle s'en fiche. Cela ne changera rien. Cela n'a pas d'importance.
Elle n'est pas triste. Elle ne pleure pas. Elle regarde juste autour d'elle. Parfois elle caresse les draps. Sa main ne rattrape rien. Elle caresse le vide. Forme en suspension. Qui n'existe pas.
L'autre vie. L'autre est là bas. Elle, elle est entre deux mondes. Elle navigue entre les deux.
Elle s'y arrête un peu. Elle doit toujours revenir.
Parce qu'il le faut ? Parce qu'elle le veut ? Parce qu'elle ne le peut pas ?
Elle s'en veut. Après le coup de télephone, elle se rend compte de cela.
Elle a peur. Elle est lâche. Elle n'a pas le courage de ce qu'elle est. De ce qu'elle voudrait.
Alors elle raccroche. Alors elle ferme la fenêtre. Elle s'enferme.
Quelle est la vraie vie ? Existe t'il quelque chose d'autre ?
Elle a une autre question qui revient sans cesse. Qu'elle rejette incessament avec rage et obstination. Une affirmation en fin de compte. Elle sait mais elle ne veut pas dire.
Les non dits ne cachent rien, ne taisent rien. Ca hurle de partout dans ce texte.
Il suffit d'écouter pour entendre.
Corinne
#4
Posted 11 September 2006 - 10:51 AM
romancière va! j'suis jalouse. on entre si facilement dans ce que tu dis..
#5
Posted 11 September 2006 - 12:57 PM
Je lis l'infidélité dans ce texte.
Le péché en pensée que permet l'horreur de l'ailleurs qu'est le péché en action.
Et de péché, il ne s'agit pas ici de jugement moral ou religieux, simplement d'une référence culturelle.
Cette femme se replie sur elle-même.
Elle s'anesthésie au réel en phantasmant le péché, c'est à dire en le refusant dans les faits.
L'amant n'existe peut-être pas. Il n'est même pas virtuel car il ne sera jamais.
Cette femme veut maîtriser sa vie, jusqu'au bout. Elle refuse l'aventure. Elle a peur.
Quand je parlais d'infidélité, il ne s'agit pas de celle au serment échangé, à la parole donnée.
Le monde n'est qu'apparences et trahisons. Un adulte éduqué le sait.
La pire des infidélités n'est-ce pas se mentir à soi-même ?
Elle n'aime plus. Mais qui pourrait-elle aimer ? Car elle ne s'aime pas elle-même, ou plutôt elle n'aime plus cette image qu'elle a d'elle même, que son mari lui renvoie, que sa vie lui reflète.
Cette infidélité à soi-même est la pire.
Elle empêche de vivre.
Le rêve n'est plus une anticipation ou une évasion. C'est une fuite à force de lassitude.
Cette infidélité à soi-même est le vrai péché, au sens moral du terme.
Sois toi-même. Voilà ce que j'ai envie de dire à cette femme lorsque je lis ce texte.
Corinne, votre texte est ciselé avec, ce qui est rare, une grande modestie.
Par une somme minimale de mots du quotidien, il dit par des silences, en creux, la douleur et la vérité d'une vie.
Vous avez du talent, beaucoup de talent.
#6
Posted 11 September 2006 - 02:11 PM
Ensuite , il y a sans doute en même temps chez toi le petit frisson de l'interdit. Il est très important ce petit frisson. Mais chez certaines femmes, il déclenche un début d'excitation sexuelle qui peut vite se retourner en frustration si la copulation ne vient pas rapidement conclure ce stimulus initial.
D'ailleurs, crois-en ta Mounette (transformée en Ménie pour l'occasion), tu ne vas pas rester seule longtemps. Je connais et j'ai expérimenté sur ce site bien des jolis messieurs qui sauront agrémenter loyalement tes moments de pénible solitude. N'hésite pas : mp !
Bises
Manon
Edited by mounette, 11 September 2006 - 02:12 PM.
#7
Posted 11 September 2006 - 02:20 PM
Ensuite , il y a sans doute en même temps chez toi le petit frisson de l'interdit. Il est très important ce petit frisson. Mais chez certaines femmes, il déclenche un début d'excitation sexuelle qui peut vite se retourner en frustration si la copulation ne vient pas rapidement conclure ce stimulus initial.
D'ailleurs, crois-en ta Mounette (transformée en Ménie pour l'occasion), tu ne vas pas rester seule longtemps. Je connais et j'ai expérimenté sur ce site bien des jolis messieurs qui sauront agrémenter loyalement tes moments de pénible solitude. N'hésite pas : mp !
Bises
Manon
C'est un peu plus compliqué queue cela chère Mounette.
La culpabilité ? Non. J'ai dépassé ce stade là. Cela fait déjà quelques années que j'ai dérangé l'ordre de mon couple. Trop tranquille. Dormant. Plus à mon image.
On change. On évolue. Moi j'étais déjà si loin.
Cette manie de classer les gens, qui ont la conscience de la peine occasionnée, dans les ecclésiastiques. Pratiquant la sainte croix.
Je ne cherche pas non plus le petit frisson. Je veux le grand. L'infini. Celui du sexe est bien fade par rapport à tous les autres.
Les as tu essayé Mounette ?
Et je ne suis pas sur ce forum pour trouver un homme.
Corinne
#8
Posted 11 September 2006 - 03:34 PM
Avant même de lire que tu écrivais des romans, j'avais dans l'idée que ce petit texte ferait un très bon début de roman.
Je ne sais pas si c'est sa destinée ( tu n'as pas répondu a Artemisia ) mais ce serait une belle vie pour ces quelques mots.
Bisous.
OpTi
#9
Posted 11 September 2006 - 03:47 PM
Avant même de lire que tu écrivais des romans, j'avais dans l'idée que ce petit texte ferait un très bon début de roman.
Je ne sais pas si c'est sa destinée ( tu n'as pas répondu a Artemisia ) mais ce serait une belle vie pour ces quelques mots.
Bisous.
OpTi
Enchantée. Oui, je viens de voir que je n'avais pas répondu à cette question là d'Artémisia.
Non. Ce n'est pas le début de mon nouveau roman. Cela dit je pourrais tout à fait l'inclure dedans. Elle pourrait correspondre à un de mes nouveaux personnages. Je réfléchis.
J'avais juste envie de parler simplement de ces moments où les personnes s'étendent sur le lit et se mettent à penser à ce que sont leurs vies.
Tu vois ? Souvent moi, quand je m'étend sur le lit, je ressens un relachement, un petit quelque chose qui s'échappe. J'ai dû mal à retenir ces impressions là. Ca valse alors dans la pièce. On regarde et on se rend compte que cela va être difficile de l'attraper.
Parce que tout simplement ce sont de nombreux non dits.
#10
Posted 11 September 2006 - 04:25 PM
La culpabilité ? Non. J'ai dépassé ce stade là. Cela fait déjà quelques années que j'ai dérangé l'ordre de mon couple. Trop tranquille. Dormant. Plus à mon image.
On change. On évolue. Moi j'étais déjà si loin.
Cette manie de classer les gens, qui ont la conscience de la peine occasionnée, dans les ecclésiastiques. Pratiquant la sainte croix.
Je ne cherche pas non plus le petit frisson. Je veux le grand. L'infini. Celui du sexe est bien fade par rapport à tous les autres.
Les as tu essayé Mounette ?
Et je ne suis pas sur ce forum pour trouver un homme.
Corinne
Ce que l'on cherche avec trop de constance nous échappe parce que c'est une construction de notre fantaisie. Il ne faut pas réaliser nos rêves : on y passe au travers.
Tu ne t'intéresses pas aux hommes ici ? Tu dois bien être la seule. Je t'avoue qu'un petit après-midi avec un poète qui te dis des vers en t'enlevant le string, et qui te saute en alexandrin a quelque chose de régénérant. Le seul inconvénient des amants-poètes, c'est les pleurnichements rimés qu'ils t'envoient après, quand tu as tourné la page. Mais, comme je te le disais plus haut, on ne peut pas tout avoir.
Bises
Manon
#11
Posted 11 September 2006 - 04:37 PM
Ce que l'on cherche avec trop de constance nous échappe parce que c'est une construction de notre fantaisie. Il ne faut pas réaliser nos rêves : on y passe au travers.
Tu ne t'intéresses pas aux hommes ici ? Tu dois bien être la seule. Je t'avoue qu'un petit après-midi avec un poète qui te dis des vers en t'enlevant le string, et qui te saute en alexandrin a quelque chose de régénérant. Le seul inconvénient des amants-poètes, c'est les pleurnichements rimés qu'ils t'envoient après, quand tu as tourné la page. Mais, comme je te le disais plus haut, on ne peut pas tout avoir.
Bises
Manon
L'absolu existe. Je le sens partout. Il est dans l'air. Il tourne autour de moi. Il est dans une musique. Dans un tableau. Dans les mots. L'absolu, c'est ce que je veux dans les miens.
Et je ne m'arrêterai tant que je ne l'aurai pas trouvé. Je veux que quand on me lit, on visualise, on en pleure, on en rit. Que l'on entre dans le livre.
Je veux que l'on vive ce que j'ecris.
Je veux qu'on est mal. Je veux que l'on ressente la force. Qu'on la prenne.
Je veux même qu'on que l'on bande. Que l'on mouille. Que l'on éjacule.
Je veux l'humain.
Dans toute sa splendeur. Dans toute sa lacheté. Sa beauté. Ses perversions.
Je veux toute la vie dans mes mots.
C'est ma plus grande passion.
Un poête qui te saute avec des mots. Ne verra lui jamais entre les lignes.
Corinne.
#12
Posted 11 September 2006 - 04:48 PM
Bises
Manon
#13
Posted 11 September 2006 - 04:51 PM
Bises
Manon
Je parle d'Amour oui. Mais pas que de cela. L'amour rattache tellement d'autres sensations. D'actes. D'émotions.
Je parle d'émotions. Là, dans ce texte, il y a l'amour qui manque, l'infidélité, le sexe. L'absence. Le silence. Le vide.
#14
Posted 11 September 2006 - 05:14 PM
nan c'est grave ce qui est dit au-dessus quand même...
sinon, pour ce qui est du texte, je suis pas fan du style, très découpé, trop découpé, sans lien, manquant de fluidité. mais c'est une histoire de goût. de plus, l'idée a été mille fois visitée. et là je ne lis rien de nouveau.
malgré tout, c'est bien écrit.
1 user(s) are reading this topic
0 members, 1 guests, 0 anonymous users